Le projet de réforme des retraites 2023 présenté pour la première fois par le Gouvernement le 10 janvier 2023 suit un calendrier précis. Le 14 avril 2023, la loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 a été promulguée. Une publication au Journal officiel a eu lieu le 15 avril 2023. Il est prévu que la loi entre en vigueur dès le 1er septembre prochain.
- Un report progressif de l'âge légal de départ à 64 ans d'ici à 2030
- Augmentation progressive du nombre de trimestres requis pour le taux plein
- Adaptation des dispositifs de départ anticipé à la retraite
- Revalorisation du minimum retraite
- Meilleure prise en compte du critère de pénibilité
- Elargissement du dispositif de retraite progressive et cumul emploi retraite générateur de nouveaux droits
- Suppression des principaux régimes spéciaux
- Un report progressif de l'âge légal de départ pour les fonctionnaires
- Valorisation de l'emploi des seniors au sein des entreprises
Un report progressif de l'âge légal de départ à 64 ans d'ici à 2030
La loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, dans le cadre de la réforme des retraites, portée par le Gouvernement d'Elisabeth Borne, va relever progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Actuellement fixé à 62 ans, l'âge légal de départ va progressivement être augmenté de 3 mois, pour atteindre 64 ans d'ici à 2030. Ce report progressif concernera les personnes nées à partir du 1er septembre 1961.
Dès 2030, et pour les personnes nées à compter de 1968, les assurés devront attendre d'avoir atteint l’âge de 64 ans pour partir légalement à la retraite.
Année de naissance | Âge légal actuel (hors départs anticipés) | Âge légal envisagé par le projet de réforme (hors départs anticipés) |
1960 | 62 ans | 62 ans |
1er janvier - 31 août 1961 | 62 ans | 62 ans |
1er septembre - 31 décembre 1961 | 62 ans | 62 ans et 3 mois |
1962 | 62 ans | 62 ans et 6 mois |
1963 | 62 ans | 62 ans et 9 mois |
1964 | 62 ans | 63 ans |
1965 | 62 ans | 63 ans et 3 mois |
1966 | 62 ans | 63 ans et 6 mois |
1967 | 62 ans | 63 ans et 9 mois |
1968 | 62 ans | 64 ans |
1969 | 62 ans | 64 ans |
1970 | 62 ans | 64 ans |
1971 | 62 ans | 64 ans |
1972 | 62 ans | 64 ans |
1973 | 62 ans | 64 ans |
Augmentation progressive du nombre de trimestres requis pour le taux plein
La durée d'assurance cible, telle qu'elle a été fixée lors de la réforme Touraine de 2014, pour bénéficier du taux plein sera maintenue à 43 annuités, ce qui correspond à 172 trimestres. Dans cette loi, on parle d’une « accélération » de la réforme Touraine dans la mesure où celle-ci imposait déjà ce nombre de trimestres requis aux générations nées à partir de 1973. Maintenant que la réforme est définitivement adoptée, ce nombre de trimestres requis concernera les personnes nées à partir de 1965.
Cette durée d'assurance requise est indépendante de l'âge légal de départ. Il s'agit d'une condition à remplir pour bénéficier d'une pension de retraite à taux plein, soit une pension calculée sur la base du taux maximum. Il est d'ailleurs fort probable que l'âge légal de départ, fixé pour votre génération, ne soit pas le même que votre âge de taux plein.
Année de naissance | Durée d’assurance requise avant réforme (pour bénéficier du taux plein) | Durée d’assurance requise après réforme (pour bénéficier du taux plein) |
1960 | 167 trimestres (41 ans et 9 mois) | 167 trimestres (41 ans et 9 mois) |
1er janvier - 31 août 1961 | 168 trimestres (42 ans) | 168 trimestres (42 ans) |
1er septembre - 31 décembre 1961 | 168 trimestres (42 ans) | 169 trimestres (42 ans et 3 mois) |
1962 | 168 trimestres (42 ans) | 169 trimestres (42 ans et 3 mois) |
1963 | 168 trimestres (42 ans) | 170 trimestres (42 ans et 6 mois) |
1964 | 169 trimestres (42 ans et 3 mois) | 171 trimestres (42 ans et 9 mois) |
1965 | 169 trimestres (42 ans et 3 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1966 | 169 trimestres (42 ans et 3 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1967 | 170 trimestres (42 ans et 6 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1968 | 170 trimestres (42 ans et 6 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1969 | 170 trimestres (42 ans et 6 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1970 | 171 trimestres (42 ans et 9 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1971 | 171 trimestres (42 ans et 9 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1972 | 171 trimestres (42 ans et 9 mois) | 172 trimestres (43 ans) |
1973 | 172 trimestres (43 ans) | 172 trimestres (43 ans) |
Sachez que vous pouvez tout à fait prendre votre retraite lorsque vous avez atteint l'âge légal de départ, même si vous n'avez pas acquis le nombre de trimestres requis fixé pour votre génération. Néanmoins, s’il vous manque des trimestres, votre pension de retraite subira une décote.
Adaptation des dispositifs de départ anticipé à la retraite
La loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (LFRSS) pour 2023, visant à réformer le système des retraites, traite du cas des dispositifs de départ anticipé à la retraite. Son objectif est de le maintenir, de l'adapter et de le simplifier dans certains cas. Le dispositif de retraite anticipée concernera les motifs suivants :
- Carrières longues
- Invalidité, inaptitude, handicap, pénibilité, exposition à l'amiante
- Catégories actives de la fonction publique et militaires
Seul le cas de la retraite anticipée pour carrière longue sera abordé dans cet article.
Carrières longues : départ à 58, 60, 62 ou 63 ans selon les cas
Quatre possibilités sont prévues pour les carrières longues :
- Si vous remplissez les conditions actuelles du dispositif de retraite anticipée pour carrières longues (avoir validé 4 ou 5 trimestres avant votre 20e anniversaire), vous pourrez toujours partir à la retraite 2 ans avant l'âge légal, soit 62 ans puisque l'âge légal est décalé à 64 ans.
- Si vous avez démarré votre carrière avant vos 18 ans, vous pourrez partir dès 60 ans, sous réserve d'avoir cotisé la durée d'assurance requise majorée d'une année.
- Si vous avez commencé à travailler avant vos 16 ans, vous pourrez partir à compter de 58 ans, sous réserve d'avoir acquis la durée d'assurance requise majorée d'une année.
- Enfin, une 4e tranche d'âge a été ajoutée par amendement ; si vous avez commencé à travailler entre 20 et 21 ans, vous pourrez partir à 63 ans.
Revalorisation du minimum retraite
Certains assurés justifiant d'une carrière complète partent avec des pensions très modestes. C'est pourquoi, la réforme permet que la pension de retraite pour une carrière complètement cotisée au SMIC ne puisse pas être inférieure à 85 % du SMIC net, soit environ 1 200 euros par mois.
Meilleure prise en compte du critère de pénibilité
La réforme envisage la prévention de l'usure professionnelle dans les métiers physiques ou répétitifs. Ainsi, les seuils des principaux facteurs d'exposition aux risques professionnels seront abaissés. Cela permettra à davantage de salariés de bénéficier d'un compte professionnel de prévention (C2P).
Il était prévu la création d'un fonds d'investissement d'un milliard d'euros pour la prévention de la pénibilité et un suivi renforcé par la médecine du travail des salariés exerçant l'un des métiers concernés, mais cette mesure a été censurée par le Conseil constitutionnel le 14 avril 2023.
Elargissement du dispositif de retraite progressive et cumul emploi retraite générateur de nouveaux droits
La loi va élargir le dispositif de retraite progressive aux fonctionnaires, qui ne peuvent pas en bénéficier actuellement. La retraite progressive vous permet d'aménager votre fin de carrière en passant à temps partiel et en compensant la perte de revenu en percevant une partie de votre retraite. L’autre avantage de ce dispositif est que vous continuez à cotiser et donc d'acquérir des droits pour votre départ définitif à la retraite.
Par ailleurs, le dispositif de cumul emploi-retraite sera générateur de droits supplémentaires afin d'améliorer les pensions des assurés.
Suppression des principaux régimes spéciaux
La suppression des principaux régimes spéciaux pour les nouveaux entrants concernera les régimes suivants :
- celui des salariés de la RATP (Régie autonome des transports parisiens) qui sont affiliés à la caisse de retraite CRP RATP ;
- celui des salariés des industries électriques et gazières (EDF, etc.) qui sont affiliés à la caisse de retraite CNIEG ;
- celui des salariés de la Banque de France qui sont affiliés à la caisse Retraite Banque de celui des clercs de notaires qui sont affiliés à la caisse de retraite CRPCEN ;
- celui des membres du CESE qui sont affiliés à la Caisse de retraite des anciens membres.
Les nouveaux embauchés de ces branches seront affiliés au régime général pour la retraite.
Un report progressif de l'âge légal de départ pour les fonctionnaires
Le report progressif de l'âge légal de départ et l'accélération de la réforme "Touraine" concernant la durée d'assurance requise seront transposés de manière identique à l'ensemble de la Fonction publique.
Le dispositif de retraite anticipé pour les fonctionnaires et ses principales caractéristiques seront maintenus pour les catégories actives et les militaires.
Valorisation de l'emploi des seniors au sein des entreprises
Le projet de réforme des retraites, tel qu'il a été présenté le 10 janvier 2023, entendait lever les freins à l'embauche et redonner toute leur place aux seniors. Néanmoins, les mesures suivantes, proposées par le Gouvernement, ont été censurées par le Conseil constitutionnel le 14 avril :
- la mise en place d'un index seniors" dans les entreprises d'au moins 300 salariés,
- l'expérimentation d'un CDI senior,
- l'obligation de négocier sur l'emploi des seniors.