Pourquoi réformer le système des retraites est une solution pour lutter contre les inégalités femmes-hommes ?

Mise à jour le 14/08/2024

6 min

Pourquoi réformer le système des retraites est une solution pour lutter contre les inégalités femmes-hommes ?

Un récent sondage réalisé en octobre 2023 par ODOXA pour Groupama (1) révèle une inquiétude grandissante des Français à l'approche de la retraite. Ce baromètre publié en octobre 2023 a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 4 020 Français âgé de plus de 18 ans. On fait le point. 

Les préoccupations des Français face à la retraite aujourd'hui

Ce baromètre met en lumière les préoccupations des Français vis-à-vis de leur retraite. En premier lieu, on relève que plus de la moitié (60 %) des non-retraités interrogés n'ont pas confiance dans le système des retraites actuel. Néanmoins, cette défiance globale baisse chez les retraités interrogés en passant à 35%. En somme, sur l'ensemble des Français interrogés (retraités ou non), 53 % déclarent ne pas avoir confiance dans le système des retraites, soit une personne sur deux.  

Un autre chiffre révélateur sur la préoccupation des Français face à la retraite est celui de l'accès à l'information. En effet, 61 % des interrogés considèrent ne pas être bien informés sur les démarches à effectuer pour préparer leur retraite

Concernant la préparation de leur retraite, ce baromètre soulève un ratio relativement élevé des Français qui s'y attèlent. En effet, 45 % des actifs disent avoir déjà commencé à préparer leur retraite ou commencé à se renseigner. A contrario, 55 % assurent ne pas avoir commencé. En revanche, si l'on s'intéresse plus en détails aux solutions d'épargne des Français, on remarque qu'ils s'y préparent davantage qu'ils ne le pensent, puisque 62 % des non-retraités interrogés ont effectivement déjà mis en place l'une des options suivantes pour financer leur retraite :  

  • Devenir propriétaire de sa résidence principale ;  
  • Épargner sur un livret, compte d'épargne (CEL, PEL...) ;  
  • Faire des placements financiers (contrat d’assurance-vie...) ;  
  • Avoir une épargne retraite individuelle et/ou professionnelle ;  
  • Avoir une épargne salariale ;  
  • Faire un investissement locatif ;  
  • Acheter une résidence secondaire ;  
  • Faire des placements immobiliers de type SCPI, OPCI.

Ensuite, sur les 45 % qui affirment préparer leur retraite, on estime une moyenne élevée du budget mensuel consacré à cet effet, avec 234 euros mis de côté chaque mois. Ces Français ont d'ailleurs commencé à épargner jeune, vers 34 ans en moyenne. Entre ceux qui s'y préparent consciemment et relativement tôt (56 %) et ceux qui disent ne pas avoir commencé la préparation financière de leur retraite (55 %), on remarque une certaine fracture. 

Enfin, 46 % des personnes interrogées ont l'intention de continuer à travailler au moment de la retraite afin de compléter leurs ressources financières. Ce chiffre est symptomatique d'une certaine inquiétude partagée par près de la moitié des futurs retraités concernant la baisse du niveau de vie rencontrée à la retraite. 

L'opposition d'une augmentation de l’âge légal de départ à la retraite : la France et l’Europe

La question de l'âge de départ à la retraite est une question centrale chez les futurs retraités en France. Le baromètre ODOXA le montre bien car plus d’1 Français sur 2 a déjà effectué une simulation pour connaître son âge de départ à la retraite (56%).

Dans le cadre de cette étude, les Français ont été interrogés sur l'âge souhaité de départ à la retraite et ils se sont accordés sur celui de 62 ans. 

En revanche, Français pense plutôt prendre leur retraite aux alentours des 63 ans. 

Dans le cadre de la réforme de la retraite 2023, l'institut ODOXA s'est renseigné auprès des Français pour connaître leur avis sur le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Ainsi, même après la réforme 63 % des personnes interrogées s'y opposent toujours. Plus de 7 Français sur 10 disent avoir une vision « moins claire » de leur future retraite depuis la promulgation de la réforme. 46% des non-retraités se préparent à travailler pendant leur

Retraite. 49% des non-retraités seraient prêts à s’y résoudre si on leur indique explicitement que cela pourrait « améliorer leur niveau de revenu à la retraite ».

Dans les solutions privilégiées pour compléter leurs revenus, nous retrouvons en première position avec 47% celle d'épargner davantage à titre individuel. Puis sur un pied d’égalité à 26% l'aménagement de la fin de carrière avec le dispositif de la retraite progressive et le cumul emploi-retraite. En 3ème position, arrive l’épargne d’entreprise. 

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Inquiétudes des Français face aux inégalités de genre à la retraite : exemples, causes et conséquences

Si on se réfère à l'étude annuelle réalisée par la DREES (2), dont la dernière a été publiée en juin 2023, on sait que les femmes en France perçoivent une pension de droit direct inférieure de 54 % comparé à celle des hommes pour la génération 1930. De plus, celles-ci partent généralement plus tard à la retraite que leurs collègues masculins avec un départ moyen à l'âge de 63 ans comparé aux hommes qui partent en moyenne à l'âge de 62 ans et 2 mois.  

Les inégalités femmes-hommes sur le montant des pensions et les âges de départ à la retraite sont le résultat d'une propension plus importante chez les femmes à connaître une carrière en dent de scie : cessation d’activité, congé parental, activité non salariée, monoparentalité, passage à temps partiel pour aider ses enfants ou ses aînés (aidant familial), etc. Ce sont autant de situations qui impactent l'acquisition des droits à la retraite au cours d'une carrière. Le baromètre ODOXA montre bien cela en révélant que près d’une femme sur deux (45 %) en France a connu l’une de ces situations de fragilité face à l’emploi durant sa carrière.  

En effet, toujours dans le cadre de ce sondage, on peut rapporter quelques chiffres révélateurs sur les carrières hachées ou précaires connues par nombreuses d'entre-elles, tels que :  

  • 25 % des femmes ont déjà cessé de travailler pour être « mères au foyer » ; 
  • 21 % des femmes ont déjà pris un congé parental pendant une longue période ;  
  • 17 % des femmes sont ou ont été « mères célibataires » ; 
  • 11 % des femmes ont déjà eu une activité non salariée / non rémunérée ou faiblement rémunérée parce qu’elles avaient travaillé avec / pour leur conjoint. 

Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les inégalités femmes-hommes à la retraite ?

3 mesures approuvées en faveur de la lutte pour l'égalité femmes-hommes à la retraite  

Ce sondage révèle que les Français interrogés plébiscitent la mise en place d'une réforme visant à réduire les inégalités femmes-hommes en France. Plus précisément, les femmes et les hommes se sont montrés largement favorables aux trois mesures suivantes :

  • 82 % des Français approuvent l'attribution de points de retraite complémentaire pour toute interruption de travail liées à l'éducation des enfants ou au soutien des ainés (cas des aidants familiaux) ;
  • 77 % des Français approuvent la mise en place d'un dispositif permettant de transférer des droits à la retraite entre conjoints ;
  • 76 % des Français approuvent la création d'un PER "interruption de carrière" avec des avantages plus importants

Comment ces mesures peuvent faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes à la retraite ?  

Ces trois principales mesures présentées et largement approuvées visent en effet à faire progresser les égalités femmes-hommes face à la retraite, telles que les écarts entre les montants de pensions et les âges de départ constatés. 

L’attribution de points de retraite complémentaire pour toute interruption de travail liée à l'éducation des enfants ou au soutien des ainés (cas des aidants familiaux) permettrait de relever le niveau de pension de retraite des assurées qui connaissent ces situations au cours de leurs carrières. 

Ensuite, la possibilité de transférer des droits à la retraite entre conjoints permettrait de compenser la perte de droits à la retraite connu par l’un des membres du foyer en raison d’un changement ou d’un bouleversement familial : l’arrivée d’un enfant, l’aide d’un proche en situation de dépendance ou de handicap, etc. 

Enfin, la création d’un PER (Plan d’Epargne Retraite) spécifique « interruption de carrière » permettrait à celles ou ceux qui ont été contraints de mettre leur carrière entre parenthèse pour des raisons familiales d’anticiper la perte de droits et d’améliorer leurs niveaux de vie une fois à la retraite. D’après le sondage ODOXA, le PER commence à acquérir de la notoriété auprès des Français puisque 62 % des non-retraités connaissent ce contrat d’épargne retraite spécialement dédié à la préparation financière de la retraite. On observe, là encore, un écart entre les femmes et les hommes parmi les détenteurs car 24 % des hommes interrogés ont déjà souscrit un PER contre 17 % des femmes. 

(1)Baromètre Retraites Odoxa pour Groupama - Vague 3 - 3 octobre 2023

(2)Les retraités et les retraites - édition 2023 - ouvrage collectif, Collection Panoramas de la DREES - Social, DREES, aout 2023.

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