Les droits des femmes ont beaucoup progressé en France ces dernières décennies. Malgré tout, les inégalités entre les deux sexes subsistent, dans le milieu professionnel et au sein des foyers, donnant lieu à des inégalités à l’arrivée de la retraite. Selon l'étude 2022 de la DREES, l'écart de salaire entre les hommes et les femmes en 2020, s'élève à 40%. Un des objectifs prioritaires du gouvernement dans le cadre de la nouvelle réforme des retraites est de tenter de réduire au maximum ces inégalités entre les femmes et les hommes au moment du départ à la retraite en mettant en place des mécanismes de solidarité pour les femmes et notamment les mères de famille.
Selon le rapport de la DREES(1), la pension de retraite des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes en moyenne en 2020 (y compris majoration pour enfants, mais hors pension de réversion). Cet écart se réduit à 28 % si l’on ajoute ces droits à la pension de réversion, dont les femmes bénéficient en majorité, mais il reste néanmoins très élevé. Mais pourquoi observe-t-on cette différence ? De nombreux facteurs qui peuvent impacter la carrière d’une personne en activité sont encore majoritairement attribués aux femmes : temps partiels, maternité, congé parental, etc. Cependant, il semblerait que ces écarts de salaires entre les deux sexes soient moins flagrants pour les nouvelles générations.
Selon les chiffres de l’étude « Femmes et hommes, l’égalité en question - Édition 2022 » de l’INSEE, les femmes qui travaillent sont près de trois fois plus souvent à temps partiel que les hommes en 2020 : 27 % des salariées de 15 à 64 ans (hors apprenties) contre 8 % pour les hommes. Pour ces femmes, plus le nombre d'enfants à charge est important, plus elles ont recours au temps partiel afin de mieux concilier leur vie privée avec leur activité professionnelle. Ce facteur a peu d’influence sur le travail à temps partiel masculin.
Les femmes subissent encore des écarts de salaire par rapport aux hommes. Qu’il s’agisse de l’âge, du type de contrat, du secteur d’activité ou de la renommée de l’entreprise, ce sont autant de facteurs qui influent sur le salaire. Selon l’INSEE, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes en 2016, s’élevait à 23,4 %. Cela s’explique en partie par rapport au temps de travail. En ramenant la rémunération en temps plein, l’écart de salaire net annuel moyen se réduit à 17,5 %. En outre, même si l’écart se réduit progressivement, les femmes occupent plus souvent des postes moins qualifiés et moins rémunérateurs que les hommes (restauration, hôtellerie, service aux particuliers…).
Les femmes ont des carrières plus heurtées que celles des hommes : en effet, les femmes connaissent en moyenne plus de périodes d'interruptions dans leur carrière professionnelle que les hommes, ne serait-ce que par les congés maternité. Au moment de partir à la retraite, de nombreuses femmes se rendent compte qu’elles ne disposeront pas d’une retraite à taux plein car leur carrière n’est pas complète.
Dans le système actuel, pour les salariées du privé, un enfant donne droit à 8 trimestres dits de « majoration » ; 4 trimestres au titre de la maternité ou l’adoption et 4 trimestres au titre de l’éducation. Pour une fonctionnaire, seulement 2 trimestres sont comptabilisés pour la naissance d’un enfant.
Les droits acquis ne donnent pas automatiquement lieu à une augmentation de la retraite.
Dans le système de retraite universel, des points de solidarité seraient attribués à la mère afin de compenser le congé maternité à 100 %. Ces points auraient la même valeur que les points de travail et ainsi permettraient d’augmenter la pension de retraite.
Comme le point aurait la même valeur pour tous, quel que soit le secteur d’activité, les fonctionnaires et les salariées du privé auraient les mêmes droits.
Dans le futur système universel, une majoration de 5 % serait attribuée par enfant, et ce, dès le premier enfant. L’attribution de la moitié de cette majoration, soit 2,5 %, serait obligatoirement faite à la mère. L’autre moitié serait attribuée par défaut à la mère, mais pourrait être partagée si les parents décident de l’octroyer plutôt au père. Le gouvernement a également proposé d’établir une garantie minimale de points de retraite. Il s’agirait de mettre en place un forfait plancher en dessous duquel les 2,5 % de majoration ne pourraient pas descendre, pour les mères ayant un faible revenu et sous condition d’avoir travaillé une durée minimum.
Selon les statistiques, les femmes représentent 70 % des bénéficiaires du minimum de retraite.
Le minimum de retraite dans le système actuel varie selon l’activité que vous exerciez. Dans le système universel, quelle que soit l’activité exercée auparavant, toute personne ayant effectué l’ensemble de sa carrière avec un bas salaire, serait assurée de toucher au minimum 1000 € de pension de retraite par mois, soit 85 % du SMIC net, revalorisé chaque année.
Aujourd’hui, pour toucher sa retraite à taux plein, 1 femme sur 5 est contrainte de travailler jusqu’à 67 ans, au risque de subir une décote sur le montant de sa pension.
Dans le futur système universel, ces femmes pourraient partir plus tôt et parfois même avec une majoration, elles pourraient liquider leur retraite 2 à 3 ans plus tôt qu’aujourd’hui si l’âge du taux plein est fixé en fonction de leur année de naissance.
(1)Les retraités et les retraites - édition 2022 - ouvrage collectif, Collection Panoramas de la DREES - Social, DREES, mai 2022.